vendredi 20 avril 2012

vendredi 20 avril 2012

Retour à LUANG PRABANG

Curieux intitulé pour une première visite dans la cité ! Pourtant Luang PRABANG m'est familière comme un nom fiché dans la mémoire et dans l'imaginaire... comme terre d'élection et choix d'une destination de voyage suite à des évènements et des lectures qui m'ont certainement marqué.
Le livre instruit les émotions... J'ai rêvé d'un lieu et j'y suis !
C'est une ville que je connais et que je reconnais par sa longue histoire, sa géographie et en particulier sa situation sur les rives du MEKONG, fleuve que Jean HOUGRON décrivait ainsi dans un de ses romans, penché sur une carte de l'Indochine :
 " Arbre gigantesque couché en travers de la plaine, un arbre dont les hautes branches allaient se perdre très loin sur un gros pâté de roches sombres. Et ses racines semblaient une main immense qui retenait entre ses doigts courbes toute la terre flottante du delta. De l'autre coté, entre la plaine blanche et le bleu de la mer de Chine, la chaîne annamitique arquait une longue échine étroite dont les dernières vertèbres noires prenaient appui sur les tropiques comme la queue d'un serpent cabré."
C'est dans les années 1950, Jean HOUGRON entreprend une fresque littéraire sur l'Indochine "La Nuit Indochinoise" .
Cette "Comédie Humaine" au sein de l''Indochine coloniale, construite à partir de ses rencontres mais aussi de sa propre expérience sur les pistes et dans les villages, au coeur du LAOS et du VIETNAM, reflète et porte toute l'ambiguité et la complexité de ce pays, de ses populations mais aussi de ces " petits blancs " un peu paumés capables du meilleur comme du pire, parfois ratés et humiliés ou encore racistes et  exploiteurs... C'est ce côté un peu sordide de l'Indochine d'alors qu'il peindra admirablement.
LUANG PRABANG c'est aussi Francis GARNIER, l'Officier de marine qui remonta le fleuve, mais également Henri MOUHOT, naturaliste et explorateur Français. Poussé par le goût du voyage et de la photographie qui vit alors ses premières années, il part à la découverte du CAMBODGE et du LAOS, pays dans lequel il deviendra l'ami des Rois.
Dans l'hiver 1859-1860, il explore et fait redécouvrir le site d'ANGKOR. Dès l'été 1860 Henri MOUHOT repart de BANGKOK pour le LAOS et LUANG PRABANG où il meurt de maladie en 1861 et où se trouve toujours sa tombe.
Enfin, en 1968, un peintre francais, Geneviève COUTEAU arriva dans le pays sur invitation du Prince Souvanna PHOUMA afin d’en exprimer « l’apparence et le mystère » par le dessin mais également par l"écriture.
Son livre "Mémoire du LAOS" est un vrai récit de voyage plein d’anecdotes, de rencontres. C'est également un document pour essayer de faire revivre un pays malgré les drames qu’il a traversé, de témoigner une dernière fois... avant de tourner définitivement la page d'un temps et d'une époque.
Voilà le LAOS que je viens de traverser et LUANG PRABANG que je vais découvrir aujourd'hui et demain. C'est l'ancienne capitale Royale, résidence préférée des francais pendant l'époque coloniale, et c'est un endroit merveilleux pour flaner et s'attarder aussi bien à une terrasse pour regarder le MEKONG, le passage des bateaux, ou encore sur l'autre rive, le vieux temple bien visible au milieu des Flamboyants.
Aprés toutes ces journées de marche sous un soleil souvent brulant, des horaires et un timing serré, il devient vite difficile d'échapper à cette nonchalance et à ce charme très particulier. Les bâtiments néo-coloniaux, souvent restaurés, la végétation tropicale, les brumes qui voilent le vert des forêts et des collines mais aussi le soleil très haut dans le ciel et la chaleur humide accentuent cette étrange torpeur et le sentiment étrange d’être ailleurs... très loin.
Pierre DESPROGES y aurait vécu son enfance et une partie de son adolescence. En effet, son père enseignait le francais à l'institut de France. C'est au bout de la rue, non loin de l’hôtel !
Retour à la ville... Le temps presse !

Ce matin, rude montée par un long escalier à la colline escarpée du PHU SI, colline sacrée couverte de temples et couronnée d'un imposant stupa doré. La vue sur le Palais Royal est magnifique.

VIC, notre guide nous apporte quelques éléments afin de mieux comprendre le Bouddhisme qui est d'abord tout une philosophie de la vie, une quête et une recherche spirituelle.



Les quatre vérités qui sont à l'origine du bouddhisme sont la vérité de la souffrance ou de l'insatisfaction, la vérité de l'origine de la souffrance engendrée par le désir et l'attachement, la vérité de la possibilité de la cessation de la souffrance par le détachement, et finalement la vérité du chemin menant à la cessation de la souffrance qui est la voie médiane du noble sentier.

Toute l'existence engendre souffrance... Pour autant le Bouddhisme n'est pas pessimiste et le message de compassion du Bouddha est fondamentalement optimiste puisqu’il dit que l’on peut se libérer de cette insatisfaction ou souffrance. Enfin, le Bouddha est-il une divinité ou un être suprême référence et force créatrice de l'Univers...?
Nous redescendons sur  la ville par une série d'escaliers afin de rejoindre l'ancien Palais Royal pour une visite. 


Ce Palais, construit en 1904, est désormais Musée National et, suivant la tradition Laotienne, on y déambule pieds nus ! 
Je suis surpris par la richesse des mosaïques de la Salle du Trone et par les admirables et très belle peintures d'Alix de FAUTEREAU, artiste Français, qui a su représenter avec vigueur et de belles couleurs de nombreuses scènes de la vie rurale au LAOS.











A contrario, les appartements privés sont relativement sobres. Je jette un coup d'oeil aux livres de la bibliothèque emplie de livres d'écrivains Français, dont certains de la prestigieuse collection de la Pléiade, attestant de la réalité de la présence Française, autrefois dans cette région du monde  !  Plus loin, soigneusement rangé dans une vitrine un service de Sèvres offert par le Général de Gaulle..

Tout à côté, nous apercevons le VAT HO PHA BANG, temple à toits multiples et qui sert d'écrin au PHA BANG, statue de Bouddha en or et trésor du patrimoine Laotien.

C'est déjà la fin de la matinée et nous empruntons un taxi brousse pour nous rendre aux chutes de TAT KUANG SI, magnifiques chutes d'eaux situées au milieu d'une très belle forêt qui apporte ombre et fraîcheur... Les eaux sont très claires et la présence de minéraux dissous s'ajoutant aux rayons du soleil donne une couleur turquoise aux bassins reliés entre eux par de belles cascades ! Endroit magique qui contraste fortement avec l'ambiance des jours précédents... J'apprécie !



Retour à LUANG PRABANG pour la visite d'autres temples, en particulier du Temple Royal, accompagnés suivant l'heure des prières, par le son mystérieux des tambours ou la présence silencieuse des moines...
La lumière dorée qui envahit le MEKONG et baigne ses rives comme les collines les plus proches rappelle que l'heure tourne. C'est déjà le dernier soir au LAOS !
Après le repas pris sur une terrasse, je me dirige vers le Marché de nuit installé sur l'avenue principale... De nombreux artisans ou vendeurs, essentiellement des H'MONGS proposent des écharpes, sarongs, sacs et couvertures fabriqués dans les environs ou provenant de villages isolés . Un moine dans sa robe safran me salue et, grâce à lui, une conversation s'engage avec une jeune fille accroupie devant un bel inventaire de foulards et de sarongs multicolores. Je viens de lui acheter plusieurs écharpes et il me confirme qu'elle est très contente du marchandage et du montant de la transaction... Son sourire en restera le  beau témoignage !
Retour à l’hôtel... Le temps est chaud et très orageux et je suis d'autant surpris par la fraîcheur de la chambre... J'ai dû avoir la main lourde en réglant la climatisation.

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