dimanche 22 avril 2012

samedi 21 avril 2012

Dès cinq heures du matin je suis debout et habillé. Je quitte rapidement la chambre pour traverser le hall de l’hôtel afin d'assister à la procession des moines. Il y règne une chaleur moite et lourde qui fait rapidement regretter de ne plus ètre sous la douche ! Petit problème, je me suis trompé d'heure, l’hôtel est encore fermé et , le veilleur de nuit, assoupi, s'étonne et sourit de ma présence à cette heure inhabituelle. Pour ne rien arranger il y a un gros et violent orage sur la ville !
Retour dans la fraicheur de la chambre pour terminer le rangement et la préparation des  bagages ...Car c'est aujourdhui le départ !


Chaque jour les moines parcourent les rues sur le trajet vers le Temple Royal, les fidèles remplissant leurs bols à aumone de boulettes de riz gluant. C'est une cérémonie traditionnelle, pleine d'humilité, qui se déroule dans le silence et au cours de laquelle les moines réaffirment leur voeux de pauvreté.

Ce matin il pleut et très peu de touristes sont dans les rues. Un peu trop rapidement, un des rares spectateurs essaie de s'approcher aidé par un Laotien qui porte le riz et les offrandes... il glisse sur le sol mouillé et avec lui toutes les offrandes. En aurait-il deja ou trop " ras le bol" ?   Pour ma part, je reste discret mais attentif , de l'autre côté de la rue, à ma place tout simplement !


Un peu plus tard, après les fruits et le thé du petit déjeuner, je retrouve le groupe pour traverser le MEKONG et visiter un village de potiers situé sur la rive droite. Ici sont fabriquées des poteries utilitaires mais aussi quelques objets décoratifs.
Il n'y a pas de tour de potier pour former le vase ou la jarre mais un travail traditionnel de montage et d'assemblage à l'aide de " boudins " de terre qui viendront se juxtaposer les uns sur les autres. Cette ancienne technique est largement utilisée ailleurssur notre terre.  Ce n'est qu'une fois ce travail réalisé que la finition et la mise en forme défintive s'effectueront par la mise en rotation de l'objet...





Certainement dérangé, un serpent se glisse en quelques ondulations sous des sacs qui protègent un stock de terre glaise ! Le potier nous fait signe de rester vigilants... Ambiance !


Un peu plus loin, sous un autre appentis, le four traditionnel est creusé à mème la terre. Seules la cheminée et la rampe d'accés sont visibles ...





Retour au bateau pour remonter le MEKONG sur quelques kilomètres jusqu'au village de BAN XIENG MAEN pour visiter le VAT LONGKHUM. C'est un beau et ancien temple situé au bout de la rue centrale du village, dans un environnement paisible, à proximité de grands arbres au milieu d'un grand jardin. C'est un lieu où le futur Roi du LAOS venait se retirer et prier quelques jours avant son couronnement.






Le moine n'est pas seul... Un scorpion, dard dressé, nous accueille sur le seuil de la double porte du temple...Ici il faut regarder ou l'on mets les pieds !

Le petit groupe se dirige ensuite vers le VAT CHOMPHET construit tout en haut d'une petite colline et à laquelle on accède après une rude et chaude montée par un long et impressionnant escalier. Le temple est situé sur un vaste terre-plein au milieu de grands arbres dont quelques beaux spécimens de Flamboyants. L'endroit offre également une vue dégagée sur LUANG PRABANG, le PHU SI et le MEKONG que l'on rejoindra par sitôt la visite achevée ! 













Retour à la ville pour le déjeuner. Il est temps désormais de prendre une dernière respiration avant le départ, en particulier sur les rives de la NAM KHAN, l'autre rivière qui ceinture l'ancienne ville pour en faire une presqu'ile sur les bords du MEKONG.
Derniers achats dans les boutiques d'artisanat, puis retour en Tuk-Tuk pour rejoindre l’hôtel... et toujours cette chaleur lourde qui restera la marque de la ville.



Je me dirige une dernière fois vers la berge animée du fleuve. Rien ne change et tout paraît immuable. Ce sont les mêmes visions et la même nonchalance... Mais jusqu'à quand ? De nombreuses images me reviennent à l'esprit et je ressens une impression bizarre de fragilité et de temps suspendu... Pourquoi partir ?

 
Aprés un court trajet c'est l'arrivée dans le petit et modeste aéroport dont l'architecture n'est pas sans rappeler discrètement le style local et finalement présenter une réelle et belle harmonie avec LUANG PRABANG... Il devrait bientôt céder sa place à de plus importantes et vastes installations. Tourisme oblige !                             

Derniers coups d'oeil vers Vic, notre guide auquel la réussite du voyage doit beaucoup et qui est devenu un ami au fil des jours...Il est déja derrière la vitre, de l'autre côté de la petite salle d'embarquement. L'émotion est perceptible et les regards largement mouillés. 
J'avance vers le Tarmac sans quitter des yeux la grande et emblématique fleur de Frangipanier qui orne le fuselage de l'avion qui va nous emmener...Encore une belle image du LAOS .













Décollage, l'avion survole les collines et les forêts blessées par les brûlis. Je devine quelques pistes et des villages oubliés au milieu de l'épaisse végétation. Un gout acre m'envahit la gorge mais ce n'est pas la fumée des brulis ! L'orage et les éclairs viennent apporter un peu de diversion et accompagner le vol vers VIENTIANE. Sale temps !
Que dire et comment terminer ? Les attentes et les envies font déjà place aux souvenirs. Tout y était... couleurs, sons, odeurs et émotions.
Dernière étape à BANGKOK, juste pour s'isoler et ignorer les bermudas, les touristes de retour des plages, leurs impressions baclées comme leurs regrets ou premiers reproches sur leurs séjours désormais  terminés ... Il est et il sera toujours trop tôt pour ce type d'attitude. Merci... Sabaidi LAOS ! 


vendredi 20 avril 2012

vendredi 20 avril 2012

Retour à LUANG PRABANG

Curieux intitulé pour une première visite dans la cité ! Pourtant Luang PRABANG m'est familière comme un nom fiché dans la mémoire et dans l'imaginaire... comme terre d'élection et choix d'une destination de voyage suite à des évènements et des lectures qui m'ont certainement marqué.
Le livre instruit les émotions... J'ai rêvé d'un lieu et j'y suis !
C'est une ville que je connais et que je reconnais par sa longue histoire, sa géographie et en particulier sa situation sur les rives du MEKONG, fleuve que Jean HOUGRON décrivait ainsi dans un de ses romans, penché sur une carte de l'Indochine :
 " Arbre gigantesque couché en travers de la plaine, un arbre dont les hautes branches allaient se perdre très loin sur un gros pâté de roches sombres. Et ses racines semblaient une main immense qui retenait entre ses doigts courbes toute la terre flottante du delta. De l'autre coté, entre la plaine blanche et le bleu de la mer de Chine, la chaîne annamitique arquait une longue échine étroite dont les dernières vertèbres noires prenaient appui sur les tropiques comme la queue d'un serpent cabré."
C'est dans les années 1950, Jean HOUGRON entreprend une fresque littéraire sur l'Indochine "La Nuit Indochinoise" .
Cette "Comédie Humaine" au sein de l''Indochine coloniale, construite à partir de ses rencontres mais aussi de sa propre expérience sur les pistes et dans les villages, au coeur du LAOS et du VIETNAM, reflète et porte toute l'ambiguité et la complexité de ce pays, de ses populations mais aussi de ces " petits blancs " un peu paumés capables du meilleur comme du pire, parfois ratés et humiliés ou encore racistes et  exploiteurs... C'est ce côté un peu sordide de l'Indochine d'alors qu'il peindra admirablement.
LUANG PRABANG c'est aussi Francis GARNIER, l'Officier de marine qui remonta le fleuve, mais également Henri MOUHOT, naturaliste et explorateur Français. Poussé par le goût du voyage et de la photographie qui vit alors ses premières années, il part à la découverte du CAMBODGE et du LAOS, pays dans lequel il deviendra l'ami des Rois.
Dans l'hiver 1859-1860, il explore et fait redécouvrir le site d'ANGKOR. Dès l'été 1860 Henri MOUHOT repart de BANGKOK pour le LAOS et LUANG PRABANG où il meurt de maladie en 1861 et où se trouve toujours sa tombe.
Enfin, en 1968, un peintre francais, Geneviève COUTEAU arriva dans le pays sur invitation du Prince Souvanna PHOUMA afin d’en exprimer « l’apparence et le mystère » par le dessin mais également par l"écriture.
Son livre "Mémoire du LAOS" est un vrai récit de voyage plein d’anecdotes, de rencontres. C'est également un document pour essayer de faire revivre un pays malgré les drames qu’il a traversé, de témoigner une dernière fois... avant de tourner définitivement la page d'un temps et d'une époque.
Voilà le LAOS que je viens de traverser et LUANG PRABANG que je vais découvrir aujourd'hui et demain. C'est l'ancienne capitale Royale, résidence préférée des francais pendant l'époque coloniale, et c'est un endroit merveilleux pour flaner et s'attarder aussi bien à une terrasse pour regarder le MEKONG, le passage des bateaux, ou encore sur l'autre rive, le vieux temple bien visible au milieu des Flamboyants.
Aprés toutes ces journées de marche sous un soleil souvent brulant, des horaires et un timing serré, il devient vite difficile d'échapper à cette nonchalance et à ce charme très particulier. Les bâtiments néo-coloniaux, souvent restaurés, la végétation tropicale, les brumes qui voilent le vert des forêts et des collines mais aussi le soleil très haut dans le ciel et la chaleur humide accentuent cette étrange torpeur et le sentiment étrange d’être ailleurs... très loin.
Pierre DESPROGES y aurait vécu son enfance et une partie de son adolescence. En effet, son père enseignait le francais à l'institut de France. C'est au bout de la rue, non loin de l’hôtel !
Retour à la ville... Le temps presse !

Ce matin, rude montée par un long escalier à la colline escarpée du PHU SI, colline sacrée couverte de temples et couronnée d'un imposant stupa doré. La vue sur le Palais Royal est magnifique.

VIC, notre guide nous apporte quelques éléments afin de mieux comprendre le Bouddhisme qui est d'abord tout une philosophie de la vie, une quête et une recherche spirituelle.



Les quatre vérités qui sont à l'origine du bouddhisme sont la vérité de la souffrance ou de l'insatisfaction, la vérité de l'origine de la souffrance engendrée par le désir et l'attachement, la vérité de la possibilité de la cessation de la souffrance par le détachement, et finalement la vérité du chemin menant à la cessation de la souffrance qui est la voie médiane du noble sentier.

Toute l'existence engendre souffrance... Pour autant le Bouddhisme n'est pas pessimiste et le message de compassion du Bouddha est fondamentalement optimiste puisqu’il dit que l’on peut se libérer de cette insatisfaction ou souffrance. Enfin, le Bouddha est-il une divinité ou un être suprême référence et force créatrice de l'Univers...?
Nous redescendons sur  la ville par une série d'escaliers afin de rejoindre l'ancien Palais Royal pour une visite. 


Ce Palais, construit en 1904, est désormais Musée National et, suivant la tradition Laotienne, on y déambule pieds nus ! 
Je suis surpris par la richesse des mosaïques de la Salle du Trone et par les admirables et très belle peintures d'Alix de FAUTEREAU, artiste Français, qui a su représenter avec vigueur et de belles couleurs de nombreuses scènes de la vie rurale au LAOS.











A contrario, les appartements privés sont relativement sobres. Je jette un coup d'oeil aux livres de la bibliothèque emplie de livres d'écrivains Français, dont certains de la prestigieuse collection de la Pléiade, attestant de la réalité de la présence Française, autrefois dans cette région du monde  !  Plus loin, soigneusement rangé dans une vitrine un service de Sèvres offert par le Général de Gaulle..

Tout à côté, nous apercevons le VAT HO PHA BANG, temple à toits multiples et qui sert d'écrin au PHA BANG, statue de Bouddha en or et trésor du patrimoine Laotien.

C'est déjà la fin de la matinée et nous empruntons un taxi brousse pour nous rendre aux chutes de TAT KUANG SI, magnifiques chutes d'eaux situées au milieu d'une très belle forêt qui apporte ombre et fraîcheur... Les eaux sont très claires et la présence de minéraux dissous s'ajoutant aux rayons du soleil donne une couleur turquoise aux bassins reliés entre eux par de belles cascades ! Endroit magique qui contraste fortement avec l'ambiance des jours précédents... J'apprécie !



Retour à LUANG PRABANG pour la visite d'autres temples, en particulier du Temple Royal, accompagnés suivant l'heure des prières, par le son mystérieux des tambours ou la présence silencieuse des moines...
La lumière dorée qui envahit le MEKONG et baigne ses rives comme les collines les plus proches rappelle que l'heure tourne. C'est déjà le dernier soir au LAOS !
Après le repas pris sur une terrasse, je me dirige vers le Marché de nuit installé sur l'avenue principale... De nombreux artisans ou vendeurs, essentiellement des H'MONGS proposent des écharpes, sarongs, sacs et couvertures fabriqués dans les environs ou provenant de villages isolés . Un moine dans sa robe safran me salue et, grâce à lui, une conversation s'engage avec une jeune fille accroupie devant un bel inventaire de foulards et de sarongs multicolores. Je viens de lui acheter plusieurs écharpes et il me confirme qu'elle est très contente du marchandage et du montant de la transaction... Son sourire en restera le  beau témoignage !
Retour à l’hôtel... Le temps est chaud et très orageux et je suis d'autant surpris par la fraîcheur de la chambre... J'ai dû avoir la main lourde en réglant la climatisation.